Actualités de l'institut d'anthropologie clinique

Jonas Roisin - 25 janvier 2023

Du rap à l’IAC #7 : TOAN

Une thématique : l’enfance et son regard sur les appartenances familiales et culturelles qui l’entoure.

Les artistes post modernes que sont les auteurs et autrices de rap nous inspirent depuis quarante ans.

J’aime leurs corpus où s’entrechoquent en poésie le réel raconté et l’enfance remémorée. Adolescents, nous sommes nombreux.ses à y avoir trouvé un style et des paroles denses sur lesquels nous appuyer, en résonnance avec nos tentatives de constructions identitaires plurielles.

L’IAC reste au contact des mutations anthropologiques qui nous affectent en post modernité, tout en accueillant les singularités de nos parcours de vie, rythmés par les attachements, les pertes et les séparations. Le nom John Bowlby sonne d’ailleurs comme un parfait pseudonyme de rappeur.

Cette série de publications est une invitation à l’écoute de l’approche clinique des rappeurs et des rappeuses sur le monde à vivre.

7ième morceau : De la vigne à la mer
Artiste : TOAN

Merci Antho pour le rap et l’enfance, pour l’amitié et la dédicace de ce disc. Direction Narbonne, l’autoroute A62 n’a plus le même paysage depuis cette chanson. Affections et salutations aux parents mer et vignes.

De la vigne à la mer
TOAN

Mon père c’est la mer, sa douceur sa force sa musique
Regard vers l’horizon, l’amour du bucolique
Calme comme une mer d’huile un soir sans courroux
Mais où passé la surface tout est fait de remous
Les soirs de brume, son phare montre la bonne voie
La mer m’a appris à suivre la lune, à croire en moi
Les marins sont solitaires, happés par le large
Attirés par l’éclair ils sont heureux les nuits d’orage
Tes vagues m’ont bercé ont épongé mes pleurs
Ont amorti le choc des rochers pour échouer sans heurts
Mon oreille d’enfant collé contre un coquillage
Assis sur le rivage, je trouvais des formes aux nuages
Tu m’as appris à donner sans attendre en retour
Que tout ce qu’on jette nous revient en écume un jour
J’ai observé l’humilité, les yeux vers ton infini
J’ai compris que seule la passion me donnerait vie

Entre mon père et ma mère, entre la vigne et la mer, j’ai grandi
Entre Méditerranée, Minervois et Corbières, j’ai grandi
Entre mon père et ma mère, entre la vigne et la mer, j’ai grandi
Des oliviers centenaires, des racines sous les pierres, j’ai grandi

Ma mère c’est la vigne, celle qui nourrit, qui apaise
Les racines profondes, ancrées dans la terre glaise
En place, malgré les tempêtes, les maladies
La vigne tire sa force du sol et toute sa modestie
Tes tanins nous protègent, j’en prête sarment
Tu t’exposes pour nous aux doutes aux peurs aux tourments
Tu consacres ta vie aux attentes des autres
J’ai su que sans labeur on obtenait maigre récolte
Fruit du travail, de la rigueur des obligations
Tu portes comme une treille des grappes d’affection
Tu danses, sous le mistral des bals de vendange
Tu es libre, ta beauté n’a pas d’âge
Non pas les raisins de la colère, mais les raisins de l’amour
Je rêve parfois que ses baies retrouvent les embruns de la mer
La mer, la vigne sont mes amarres, mon port d’attache
Rhizomes dans le sol, je reste appelé par le voyage

Entre mon père et ma mère, entre la vigne et la mer, j’ai grandi
Entre Méditerranée Minervois et Corbières, j’ai grandi
Entre mon père et ma mère, entre la vigne et la mer, j’ai grandi
Des oliviers centenaires, des racines sous les pierres, j’ai grandi